Bien souvent, les règles ne sont pas faciles à vivre pour les femmes. Elles occasionnent un inconfort global, sont parfois douloureuses et s’accompagnent souvent de troubles dont on n’ose pas parler. Entre autres, beaucoup d’entre nous subissent des problèmes digestifs pendant les règles. Mais pourquoi donc ? Voici quelques explications.
Troubles digestifs pendant les règles : un sujet encore tabou
Même si peu en parlent autour d’elles, une étude menée au Canada en 2013 montre que de nombreuses femmes souffrent de troubles digestifs lors de leurs menstruations. Plus d’un quart ont la diarrhée (28 %), certaines ont des nausées (14 %) ou même des vomissements (3 %). Et parallèlement, plus de la moitié des femmes enquêtées souffrent également de spasmes et de douleurs abdominales pendant cette période.
call-to-collection-bestSeller
Ainsi, digestion et règles ne font pas toujours bon ménage. Les femmes peuvent aussi souffrir d’aérophagie, de flatulences ou de constipation. Même les personnes qui, habituellement, n’ont pas de gaz intestinaux, sont gênées par ces troubles digestifs. De plus, ils sont souvent malodorants, quelle que soit l’alimentation adoptée… Certaines femmes alternent constipation et diarrhées, ce qui fait que la période des règles peut devenir particulièrement pénible.
Peu de femmes osent en parler. Malgré la concomitance des règles et des problèmes liés à l’appareil digestif, elles n’évoquent pas ces symptômes chez leur gynécologue. Le sujet reste tabou et ce n’est pas à cause des histoires d’intestins. Jack Parker, journaliste et auteure du livre Le grand mystère des règles, estime que ce tabou est plutôt lié aux règles elles-mêmes. Selon elles, la plupart des gens ont plus de facilité à parler de leurs troubles digestifs que de leurs règles. Les femmes ne font pas toujours le lien entre digestion et règles puisqu’on en parle peu. Par ailleurs, l’image de la femme dans la société, qui est celle d’une belle personne délicate et féminine « qui sent toujours la rose », ne facilite pas les choses. De fait, celle-ci a du mal à évoquer ses saignements et les soucis qu’elle rencontre pendant cette période.
call-to-action-sidoni
Quel lien y a-t-il entre digestion et règles ?
Les problèmes de transit intestinal ne doivent pas être confondus avec le syndrome prémenstruel. Ce dernier, qui se caractérise également par des ballonnements et des maux de ventre, n’est pas lié au système digestif. D’ailleurs, ce phénomène a lieu avant les règles et cesse souvent avec les premiers saignements. Par contre, troubles de la digestion et règles surviennent en même temps, ce qui n’est pas le fruit du hasard.
Lorsque les règles arrivent, l’utérus effectue des contractions pour expulser le sang. À ce moment, sa paroi extérieure (endomètre) secrète des substances appelées prostaglandines. Ces composés, semblables à des hormones, facilitent les contractions. Ils sont d’ailleurs utilisés pour déclencher un accouchement. Seulement, les prostaglandines ne restent pas dans l’utérus. Véhiculées par le sang, elles atteignent les intestins qui se mettent également à accélérer le rythme. En conséquence, la femme peut être victime de son propre système digestif durant cette période.
Les constipations sont pour leur part dues aux progestérones, présentes en grande quantité juste avant les règles. Quant aux gaz, ils sont provoqués par une modification de la flore intestinale. Ce changement agit sur la fermentation des aliments dans le tube digestif, entraînant ces petits désagréments. Cette fois encore, les hormones sont en cause.
Comment lutter contre les troubles digestifs pendant les règles ?
Certaines précautions permettent de prévenir ou de limiter les interactions désagréables entre digestion et règles. Tout d’abord, il existe certains aliments à privilégier pendant les règles. Il faut commencer par manger léger. En effet, mieux vaut éviter les repas trop copieux, les aliments gras, les produits laitiers ou tout autre aliment susceptible d’entraîner une digestion difficile. En cas de flatulences prononcées, évitez les boissons gazeuses et les aliments comme le chou ou les haricots. Il peut s’avérer utile de prendre des probiotiques en complément de l’alimentation pour améliorer la flore intestinale. Consommer certains aliments fermentés peut aussi vous aider à produire de bonnes bactéries. Autre conseil, élémentaire mais efficace : pour faciliter la digestion, il faut mastiquer davantage. Le chocolat pendant les règles peut être une source de réconfort.
Pour les femmes sujettes aux constipations, il faut privilégier les aliments riches en fibres pour éviter les troubles du transit. Des tasses de café peuvent aussi faire office de laxatif. Celles qui souffrent de diarrhées se tourneront pour leur part vers les féculents. En tout cas, il faut éviter les excès de sucre ou de sel.
Notons que certaines femmes ont des envies de nourriture irrépressibles pendant le syndrome prémenstruel et peuvent en subir les conséquences ensuite, lors de leurs règles. Tenir un journal alimentaire vous aidera à identifier ces troubles et à changer de comportement. De cette façon, digestion et règles cohabiteront plus facilement.
Pour les adeptes des remèdes naturels, il est possible de prendre de l’huile essentielle d’origan en gélules, du charbon végétal, de la tisane de thym ou du psyllium blond à diluer dans un verre d’eau. Une tisane ou des infusions de sauge peuvent aussi aider à réduire le mal de ventre.
Enfin, certains médicaments, comme l’ibuprofène et les anti-inflammatoires non stéroïdiens en général, peuvent limiter la sécrétion de prostaglandines. Cela va réduire les contractions et donc les diarrhées. Le gingembre et les règles abondantes sont aussi un objet d'étude dans les traitements complémentaires efficaces contre les ménorragies.
Quand faut-il s’inquiéter des troubles digestifs menstruels ?
Le plus souvent, malgré les désagréments qu’ils provoquent, les troubles de la digestion pendant les règles sont bénins. Souvent, les femmes qui souffrent de troubles intestinaux (maladie de Crohn, côlon sensible, etc.) ou de problèmes gastriques voient leur mal s’amplifier. Il peut alors s’avérer nécessaire de demander à votre médecin des remèdes pour que les crises ne gâchent pas vos journées.
Dans le cas ou les troubles digestifs liés aux règles seraient particulièrement douloureux ou s’accompagneraient d’autres symptômes (saignements au niveau du rectum, difficultés et douleurs pour déféquer, occlusions intestinales, etc.), il vous faudra consulter un spécialiste. Il faut surtout être vigilante lorsque ces symptômes apparaissent en dysménorrhée secondaire, c’est-à-dire plusieurs années après l’apparition des premières règles. Dans ce cas, les troubles digestifs et la douleur pourraient annoncer une endométriose, dans l’hypothèse où les cellules de la muqueuse utérine auraient migré dans le gros intestin.
Voir nos culottes menstruelles.