Écoféminisme ou quand les femmes se battent pour la nature
À l’heure actuelle où le climat constitue une préoccupation majeure, l’Écoféminisme connaît un regain de popularité. Une idéologie pourtant pas si récente que ça, l’écoféminisme, qui lutte avant tout pour les droits des femmes, émerge dans un sentiment d’urgence climatique. Ouvrages, documentaires, conférences et même manifestations, les partisans de ce mouvement montent le ton. Encore peu connue en France, cette philosophie gagne largement du terrain au niveau international. Qu’est-ce que l’éco-féminisme ? D’où vient cette tendance ? Où en sont les objectifs qu’elle poursuit ? Et surtout, a-t-elle réellement une raison d’être ? Nous avons fait le point pour vous.
Qu’est ce que l’écoféminisme ?
Comme son nom le laisse entendre, l’écoféminisme est issu de la rencontre entre le mouvement féministe et le mouvement écologique. D’une manière générale, c’est une philosophie qui se bat contre le système patriarcal, le sexisme, les inégalités, la domination masculine et le système capitaliste qui asservissent les femmes et détruisent l’environnement. C’est une philosophie qui se positionne contre les violences faites aux femmes et pour défendre la nature. Il est représenté par la militante indienne Vandanna Shiva, qui est la figure emblématique de l’écoféminisme dans le monde.
Il y a différentes facettes de l’écoféminisme. On peut citer l’écoféminisme culturel, l’écoféminisme social, l’écoféminisme politique ou encore l’écoféminisme spirituel.
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Origines de l'écoféminisme
Le terme « écoféminisme » est créé dans les années 70 par Françoise d’Eaubonne, qui est l’une des pionnières du mouvement, dans son ouvrage « Le féminisme ou la mort ». À cette époque, le courant écologie-féminisme va bon train, surtout aux États-Unis. Tracts et manifestations font rage par des femmes qui sont impliquées, scandalisées suite aux catastrophes nucléaires. Des femmes déjà féministes se mobilisent pour le mouvement antinucléaire dans le but de préserver l’environnement. De là, les tout premiers mouvements écoféministes voient le jour. C’est le cas du groupe Women and life on Earth. En 1980, le Pentagone est pris d’assaut par 2 000 femmes dans une manifestation spectaculaire faite de larmes, de cris, de chants et de danses. Par la suite, des luttes pacifiques de femmes naissent un peu partout dans le monde pour réclamer la parité et la paix dans le but de protéger l’environnement.
Association des femmes à la nature
Comment est-on arrivé à considérer que la cause de la nature est une cause féminine ? Pourquoi associer la femme à la nature ? De nature, les femmes sont plus connectées à l’environnement. La durée du cycle menstruel de 29 jours correspond au cycle de la lune. De même, la capacité de donner naissance et de nourrir au sein les rapproche énormément de « Mère Nature ». À l’inverse, les hommes s’en détachent pour prouver leur virilité. La sociologue Carolyn Merchant accuse ce concept idéologique d’essentialisme. Selon elle, il faut sortir de ces stéréotypes. Elle refuse toute idée qui allègue que les femmes connaissent spécialement la nature, si ce n’est mieux, et qu’en conséquence elles peuvent mieux s’en occuper. Elle juge que cela est contradictoire avec le fondement même du féminisme qui prône l’émancipation et la libération des femmes. Pourtant, on ne peut nier leur implication sur l’environnement. Bien avant même le lancement du mouvement écoféministe, elles se préoccupaient du sort de la nature en dénonçant les conséquences néfastes des pesticides. Toujours en majorité numéraire, les femmes sont présentes pour protester contre la destruction des milieux naturels.
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Ecoféministes : Quelles revendications ?
Le mouvement éco féministe a en ligne de mire le capitalisme et le patriarcat. Face à la domination des hommes et du capitalisme sur les femmes et la nature, l’écoféminisme revendique l’émancipation de ces dernières contre les violences que leur inflige la domination patriarcale. Les femmes et les hommes écoféministes sont conscients qu’il est indéniable qu’un lien existe entre l’oppression des femmes et de la nature. Que tout mouvement féministe doit prendre en compte une vision du monde plus écologique. Et qu’en parallèle, toutes les solutions liées aux problèmes environnementaux doivent prendre en compte des perspectives féministes.
L’écoféminisme est-il une nécessité ?
À ses débuts, le mouvement a été fait pour sauver l’humanité des actions nuisibles des hommes, aussi précaire qu’il soit. La révolution industrielle et la guerre étaient telles que l’avenir de l’humanité était mis en grand danger. Ces mouvements féministes étaient plus que nécessaires à l’époque, mais est-ce encore le cas de nos jours ?
Force est de constater que ce mouvement est encore plus indispensable au 21e siècle qu’il ne l’était avant. On vit actuellement en plein désastre écologique : réchauffement climatique, fonte glaciaire, espèces qui disparaissent les unes après les autres… Une action écologique de toutes parts est la bienvenue.
L’écoféminisme ne tourne pas seulement autour de l’environnement et la conservation des espèces, il se préoccupe aussi du sort des humains sur le plan social. Véritable justicières de l’humanité, les militantes se battent pour l’égalité, le droit à l’avortement et à la contraception, le droit de vote des femmes, l’abolition de toute forme d’oppression et de violences sexistes, d’inégalité entre les sexes, d’harcèlement sexuel ou de violences sexuelles (viols, violences conjugales, etc.) et d’esclavage moderne ; et surtout pour la protection et l’émancipation des femmes dans un principe de sororité.
La place de l’écoféminisme moderne dans notre société
Les féministes modernes sont en totale phase avec la nature. L’écoféminisme tient maintenant une place importante dans la société. Depuis plusieurs années déjà, une prise de conscience collective sur l’urgence écologique se fait ressentir de partout dans le monde. Grâce au développement des nouvelles technologies de la communication, internet et réseaux sociaux contribuent activement à faire connaître l’idéologie et les actions écoféministes.
De nouvelles entreprises, avec à leur tête une femme, comme EarthSpark International, agissent pour la protection du climat. Beaucoup de femmes s’engagent dans un domaine traditionnellement masculin pour rétablir la balance des pouvoirs. Grâce à l’influence des militants féministes pour l’environnement, le quotidien de la population tend à être plus sain. Des mouvements écologiques naissent, on tend à vivre dans un monde plus vert avec des produits bio et moins polluants avec comme mot d’ordre le recyclage. On peut, à titre d’exemple citer les produits d’entretien et nettoyants, les aliments, les produits de beauté, ou encore les culottes menstruelles réutilisables et sans produits chimiques.
L’écoféminisme en France
Bien que ce néologisme « écoféminisme » soit né en France, le mouvement était plus anglophone que francophone. L’Hexagone avait du mal à être emporté. Bon nombre de féministes et d’écologistes ne s’y intéressaient pas ou ignoraient même son existence. Françoise d’Eaubonne restait méconnue du grand public, de même pour les grands noms de l’écoféminisme comme Maria Mies ou Vandana Shiva. Il est tout de même faux de dire que le mouvement n’existait pas du tout en France à l’époque. Seulement il n’a pas eu autant de succès que dans les pays Anglo-saxons. Les raisons étaient que les écologistes des années 70 étaient majoritairement des hommes, et les féministes ne se préoccupaient guère des problèmes environnementaux.
C’est seulement à partir de la Cop21 de Paris que le mouvement gagne en popularité en France. Beaucoup commencent à s’y intéresser bien que ce ne soit pas encore généralisé. Lors de la dernière Cop24, les activistes altermondialistes et écoféministes sont enfin sortis du pseudo-anonymat dans lequel ils étaient plongés depuis plus de 30 ans. En espérant que ce soit pour de bon et que leur rêve ne soit plus une utopie.